Quand on est chauffeur VTC, pour gagner plus, il faut faire plus de courses, et c’est vrai, bien sûr.
Mais il existe un autre levier très souvent mal géré : optimiser ses charges déductibles. En déclarant correctement ses frais, on optimise sa rémunération nette. On évite ainsi de payer des impôts sur de l’argent qui a déjà été dépensé en frais.
Attention, il n’est pas question ici de « tricher », mais simplement de ne pas laisser filer des euros durement gagnés qu’on est en plein droit de garder.
L'essentiel en quelques lignes
Pas le temps de lire tout l’article ? Voici un rapide résumé des points clés :
– Les charges déductibles sont toutes celles engagées dans l’intérêt direct de votre activité (véhicule, carburant, assurance, commissions de plateforme, comptabilité, etc.), à condition d’avoir une facture au nom de votre structure.
– Les dépenses perso (vêtements classiques, coiffeur, vacances…) ne passent jamais. Attention au contrôle fiscal.
– La TVA joue un rôle clé : elle est déductible sur vos frais (vous n’avez donc pas à la payer sur ce que vous déclarez comme frais). De plus, vous collectez 10 % sur vos courses mais vous payez 20 % sur la plupart de vos achats, ce qui crée souvent un crédit de TVA en votre faveur.
– En micro-entreprise, pas de déduction charge par charge mais un abattement forfaitaire de 50 % est appliqué. Vous pouvez opter pour la TVA, mais vous restez imposé sur votre chiffre d’affaires.
Ce qu’est (et n’est pas) une charge déductible
Pour qu’une dépense soit admise comme charge déductible, trois conditions incontournables :
- Elle doit être engagée dans l’intérêt de l’entreprise (transport de personnes).
- Elle doit être justifiée par une facture en bonne et due forme, au nom de la société (SIRET inclus).
- Elle doit être enregistrée dans votre comptabilité sur l’exercice correspondant.
Une règle simple : si ce n’est pas 100 % pro, ne le déduisez pas.
Petit rappel TVA : vous collectez 10 % sur vos courses, mais la plupart de vos charges (carburant, assurances, entretien, loyers de LOA/LLD) sont à 20 %. Résultat : vous êtes souvent en crédit de TVA, que l’État vous rembourse.
Les charges déductibles qui comptent vraiment
Le véhicule, votre outil principal
C’est là que se joue l’essentiel. Vous pouvez déduire :
– Le carburant ou la recharge électrique, intégralement pour l’usage pro.
– L’entretien et les réparations : révisions, pneus, freins, vidanges, batteries.
– Les assurances VTC obligatoires (responsabilité civile pro + auto professionnelle), ainsi que les options utiles (bris de glace, assistance 0 km).
– Le financement du véhicule : loyers de LOA/LLD, intérêts d’emprunt si achat, ou amortissement si payé comptant (sur 5 ans en général).
– Les frais de péages et de parkings liés aux courses.
Astuce : la LOA/LLD évite d’avancer la TVA d’un coup, puisqu’elle est incluse dans les loyers.
L’exploitation au quotidien
– Les commissions des plateformes : ce que vous reversez à Uber, Bolt ou autres est déductible.
– Votre téléphone et votre forfait : en totalité si usage exclusif, ou au prorata si usage mixte. L’achat du téléphone peut être amorti s’il dépasse 500 €.
– Les applis et logiciels utiles : navigation, planification, comptabilité, bureautique.
– Les frais bancaires : compte pro, terminal de paiement, virements.
L’administration et la gestion
– Les honoraires de votre expert-comptable ou d’un service de compta.
– La CFE (Cotisation Foncière des Entreprises), due dès la 2ᵉ année.
– Les frais d’immatriculation, de greffe, d’annonces légales.
– Les formations obligatoires (renouvellement de carte VTC, stages, recyclages).
Le bureau et la domiciliation
– Quote-part raisonnable du loyer ou des charges (électricité, internet, chauffage) si vous domiciliez votre société chez vous.
– Assurance habitation proportionnelle et petit matériel de bureau (ordinateur, fauteuil, imprimante), amortissable si nécessaire.
L’hospitalité et la relation client
– Les petites attentions (bouteille d’eau, bonbon, lingette) : déductibles si c’est raisonnable et proportionnel.
– Les repas pros du dirigeant : déductibles dans certains cas (distance du domicile, repas d’affaires avec un partenaire, justificatif des convives).
Ce qui n’est pas déductible (et les faux amis)
Certaines dépenses, même si elles paraissent « utiles », ne passent pas :
– Les vêtements classiques (costume, chemise, cravate). Seuls les uniformes spécifiques à l’activité sont admis.
– Les soins personnels : coiffeur, manucure, salle de sport.
– Les dépenses persos déguisées : un plein pour partir en vacances ne peut pas être passé en frais VTC.
– Les amendes : stationnement ou vitesse, l’administration fiscale les considère comme personnelles.
– L’impôt sur les sociétés : par définition, il n’est pas déductible.
Conditions et pièges à éviter
– Mélanger pro et perso : ouvrir un compte bancaire dédié évite des sueurs froides en cas de contrôle.
– Factures perdues : pas de justificatif = pas de déduction.
– Usage mixte : pour un téléphone ou un logement, appliquez une quote-part raisonnable.
– TVA : anticipez le délai de remboursement (plus court en régime réel normal qu’en simplifié).
– Hospitalité : offrir un café, oui ; passer 500 € par mois en bonbons, non.
Cas particulier : la micro-entreprise
Si vous êtes en micro-entreprise :
– Pas de déduction charge par charge. L’administration applique automatiquement un abattement forfaitaire de 50 % pour les VTC.
– Vous pouvez opter pour la TVA, ce qui permet de récupérer 20 % sur vos achats, mais vous restez imposé sur votre chiffre d’affaires brut (après ou avant commissions, sujet encore sensible selon les interlocuteurs).
– Si vos charges réelles sont élevées, le régime réel devient rapidement plus avantageux.
Pour aller plus loin
Il existe aussi des astuces fiscales pour optimiser encore plus vos revenus : crédit d’impôt formation (jusqu’à 932 €), CESU et chèques vacances, ou encore le compte courant d’associé si vous vendez votre véhicule perso à votre société. Mais ça, c’est un autre article.
Conclusion
Déduire ses charges, ce n’est pas « gratter l’État », c’est simplement appliquer la règle du jeu. Plus vous êtes rigoureux dans la séparation pro/perso et dans la conservation des justificatifs, plus vous réduisez vos impôts en toute légalité. Un bon suivi, c’est du revenu net en plus sans avoir besoin de faire une course de plus.
Glossaire
Voici quelques termes utiles à connaitre et comprendre :
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Abattement forfaitaire : réduction appliquée automatiquement sur le chiffre d’affaires des micro-entrepreneurs pour estimer leurs frais (50 % pour les VTC).
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Amortissement : étalement comptable du coût d’un bien (ex. véhicule) sur plusieurs années.
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CFE : Cotisation Foncière des Entreprises, impôt local dû par toute entreprise.
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Compte courant d’associé : somme avancée par un dirigeant à sa société, qu’il peut récupérer sans imposition.
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Crédit de TVA : remboursement par l’État quand la TVA payée sur les achats dépasse la TVA collectée sur les ventes.
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IS : Impôt sur les sociétés, payé par les structures soumises à ce régime.
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LOA / LLD : formes de location de véhicule (avec option d’achat ou sans).
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Quote-part : fraction d’une dépense mixte (ex. internet, logement) attribuée à l’activité pro.
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RC Pro : Responsabilité civile professionnelle couvrant les dommages causés aux clients ou tiers.
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Régime réel : régime fiscal qui permet de déduire les charges réelles une par une.
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TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée (10 % sur courses VTC, 20 % sur la plupart des achats).