Quand on devient chauffeur VTC indépendant, il ne suffit pas d’avoir une carte professionnelle et un véhicule conforme : il faut aussi choisir un statut juridique. Ce choix est déterminant car il influence la fiscalité, le niveau de protection sociale et les revenus nets. Beaucoup de chauffeurs hésitent entre la micro-entreprise, l’entreprise individuelle (EI), l’EURL ou la SASU. Voici un tour d’horizon clair pour savoir quel statut est le plus adapté à votre situation.
L'essentiel en quelques lignes
Pas le temps de lire tout l’article ? Voici un rapide résumé des points clés :
Pour aller à l’essentiel, la micro-entreprise est idéale pour tester l’activité grâce à sa simplicité. L’entreprise individuelle permet ensuite de dépasser les plafonds de chiffre d’affaires et de déduire les frais professionnels. L’EURL ajoute une protection du patrimoine mais avec un régime social limité. Enfin, la SASU offre une couverture sociale proche de celle des salariés et une grande souplesse, mais avec des cotisations plus élevées.
En résumé : commencez simple si vous débutez, puis évoluez vers une structure plus solide quand votre activité prend de l’ampleur.
Micro-entreprise : la porte d’entrée la plus simple
La micro-entreprise (aussi appelée auto-entreprise) est le statut préféré des VTC qui se lancent.
Avantages
- Formalités rapides et peu coûteuses.
- Cotisations calculées simplement sur le chiffre d’affaires encaissé.
- Idéal pour tester l’activité sans lourdeur administrative.
Limites
- Plafond de chiffre d’affaires : 77 700 € par an en 2025.
- Aucune possibilité de déduire les frais (carburant, entretien, commissions des plateformes).
- Pas de récupération de la TVA.
- Responsabilité personnelle illimitée.
Pour qui ?
Un chauffeur qui démarre, exerce à temps partiel ou souhaite vérifier si le métier lui convient.
Entreprise Individuelle : l’évolution naturelle après la micro
L’entreprise individuelle (EI) reprend la simplicité de la micro-entreprise mais sans plafond de chiffre d’affaires.
Points forts
- Déduction possible de tous les frais professionnels.
- Récupération de la TVA sur le véhicule, l’entretien et le carburant.
- Pas de capital minimum à apporter.
Contraintes
- Affiliation au régime des indépendants (SSI), avec des cotisations sociales autour de 40 % du bénéfice.
- Moins protecteur que le régime salarié.
- Responsabilité personnelle, même si depuis 2022 le patrimoine pro et perso sont séparés par défaut.
Pour qui ?
Un chauffeur à plein temps qui dépasse les plafonds de la micro et a des charges importantes liées à son véhicule.
EURL : plus de protection, mais un régime social limité
L’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) est une forme de société unipersonnelle qui protège mieux le patrimoine personnel.
Avantages
- Responsabilité limitée aux apports.
- Déduction des frais et récupération de la TVA.
- Choix entre l’impôt sur le revenu (IR) ou l’impôt sur les sociétés (IS).
Limites
- Le gérant reste affilié au régime des indépendants (SSI), avec une protection sociale réduite.
- Cotisations dues même sans chiffre d’affaires.
- Formalités de création plus lourdes et coûteuses que l’EI ou la micro.
Pour qui ?
Un chauffeur qui dépasse largement les seuils, souhaite protéger son patrimoine mais n’a pas besoin d’une couverture sociale élevée.
SASU : le statut des ambitieux
La SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) est le statut le plus complet, souvent choisi par les VTC qui veulent se développer.
Avantages
- Responsabilité limitée aux apports.
- Statut d’assimilé salarié : protection sociale proche de celle des salariés (maladie, retraite, maternité).
- Déduction des frais et récupération de la TVA.
- Grande souplesse de fonctionnement et possibilité de se transformer en SAS pour accueillir des associés.
Inconvénients
- Formalités plus contraignantes et coûteuses.
- Cotisations sociales élevées si le dirigeant se rémunère.
- Pas de couverture sociale si aucun salaire n’est versé.
Pour qui ?
Un chauffeur qui veut investir, développer une structure solide, ou s’associer à moyen terme.
Tableau comparatif des statuts VTC
Statut | Formalités | Responsabilité | Déduction des frais / TVA | Régime social | Pour qui ? |
---|---|---|---|---|---|
Micro-entreprise | Très simples | Illimitée | Non | Indépendant (cotisations sur CA) | Débutant, activité test ou partielle |
Entreprise Individuelle | Simples | Limitée (séparation patrimoine depuis 2022) | Oui | Indépendant (SSI) | Chauffeur à plein temps avec charges importantes |
EURL | Complexes | Limitée aux apports | Oui | Indépendant (SSI) | Chauffeur en croissance, veut protéger son patrimoine |
SASU | Complexes et coûteuses | Limitée aux apports | Oui | Assimilé salarié (régime général) | Chauffeur ambitieux, veut investir ou s’associer |
Quel statut choisir concrètement ?
En pratique, il n’y a pas un seul meilleur statut pour un chauffeur VTC indépendant, mais un choix qui dépend de la situation :
- Débutant ou à temps partiel → micro-entreprise, pour tester avec des démarches simples.
- Chauffeur à plein temps avec des frais élevés → entreprise individuelle (EI) pour déduire les charges.
- Chauffeur en croissance avec besoin de protection patrimoniale → EURL.
- Chauffeur qui veut construire une société pérenne et bénéficier d’une bonne couverture sociale → SASU.
Un conseil objectif : il est souvent pertinent de commencer en micro-entreprise pour tester, puis évoluer vers une société (EURL ou SASU) dès que l’activité est stable et rentable.
Conclusion
Le choix du statut est une étape clé dans la réussite d’un chauffeur VTC indépendant. La micro-entreprise ouvre la porte facilement, mais devient vite limitée. L’EI et l’EURL offrent plus de marge de manœuvre fiscale, tandis que la SASU reste le statut le plus protecteur et évolutif. Le meilleur choix dépendra donc de vos revenus, de vos charges et de vos ambitions.
Glossaire
Voici quelques termes utiles à connaitre et comprendre :
- Micro-entreprise : régime simplifié avec cotisations proportionnelles au chiffre d’affaires, mais sans déduction de charges ni récupération de TVA.
- Entreprise Individuelle (EI) : forme d’entreprise exercée en nom propre, avec déduction des frais et TVA récupérable.
- EURL : société à associé unique, proche de la SARL, qui protège le patrimoine personnel mais impose le régime social des indépendants.
- SASU : société à associé unique, proche de la SAS, avec responsabilité limitée et régime social assimilé salarié.
- Responsabilité limitée : principe qui protège le patrimoine personnel de l’entrepreneur en cas de dettes.
- Régime des indépendants (SSI) : régime social des travailleurs non-salariés, moins protecteur que celui des salariés.
- Assimilé salarié : statut qui rattache le dirigeant d’une société au régime général de la Sécurité sociale, sans droit au chômage.
- Franchise en base de TVA : régime qui permet de ne pas facturer la TVA, mais empêche aussi de la récupérer sur les achats.